Des pistes piétonnes en montagne, une offre déjà conséquente
Dans certaines stations de ski nordique, comme Megève, le Semnoz ou les Glières, l’offre de pistes piétonnes est déjà bien développée. À Megève, 22,5 kilomètres de sentiers balisés sont accessibles aux randonneurs en hiver. Au Semnoz, on trouve quatre circuits dédiés aux marcheurs, certains damés, d’autres non. Malgré cela, les conflits persistent, notamment avec les fondeurs qui voient parfois leurs pistes envahies par des piétons en quête de neige fraîche.
David Dupuis, responsable du domaine nordique des Glières, souligne que malgré 20 km de pistes réservées aux marcheurs, certains usagers continuent d’emprunter les pistes de ski de fond, provoquant des tensions. Cela montre que l’augmentation de l’offre ne suffit pas toujours à résoudre le problème.
Pourquoi les conflits persistent-ils malgré ces aménagements ?
L’un des premiers facteurs expliquant ces tensions est l’envie des randonneurs de marcher sur la neige vierge. Lors des hivers avec peu d’enneigement, comme l’an dernier, les promeneurs ont tendance à chercher la meilleure neige, quitte à empiéter sur les pistes de ski.
Autre difficulté : les autres pratiques qui émergent en montagne. Le fatbike, avec ses pneus larges, fait son apparition sur certains domaines nordiques, tout comme le kitesurf sur neige, dont les pratiquants peuvent involontairement déborder sur les pistes réservées aux fondeurs. Ces nouvelles disciplines compliquent encore la cohabitation entre les différents usagers.
Enfin, les contraintes d’aménagement limitent la création de nouvelles pistes. Comme le rappelle David Dupuis, il est difficile d’ouvrir davantage d’itinéraires car les terrains appartiennent à des privés ou à des collectivités, et tout repose sur des accords à l’amiable. De plus, certains chemins d’été ne peuvent pas être balisés en hiver, car ils seraient difficiles à entretenir ou à sécuriser.
Faut-il vraiment créer plus de pistes piétonnes ?
L’idée d’augmenter encore le nombre de sentiers balisés pour les marcheurs peut sembler séduisante, mais elle pose plusieurs questions :
- L’entretien et la sécurisation : Balisage, damage, secours… Chaque itinéraire doit être entretenu, ce qui représente un coût et une responsabilité pour les exploitants.
- Les limites foncières : Tous les terrains ne peuvent pas être utilisés, ce qui restreint les possibilités d’aménagement.
- Le respect des règles par les usagers : Même avec davantage de pistes, certains randonneurs continueront d’aller sur les pistes de ski de fond, ce qui montre que le problème est aussi lié à la sensibilisation et au comportement des pratiquants.
Quelles alternatives pour une meilleure cohabitation ?
Plutôt que de multiplier les pistes, certaines solutions pourraient être envisagées :
- Une meilleure signalisation et une sensibilisation accrue des randonneurs pour les inciter à respecter les itinéraires dédiés.
- Un contrôle renforcé par les pisteurs pour rappeler les règles sur les domaines nordiques.
- Des zones partagées clairement définies, où skieurs et marcheurs pourraient cohabiter sans gêner les uns ou les autres.
En définitive, davantage de pistes piétonnes ne suffira pas à éliminer les conflits. C’est une question de partage de l’espace et de respect mutuel entre les différentes pratiques qui se côtoient en montagne.
Conclusion
Les conflits entre piétons et skieurs de fond en montagne ne se résoudront pas simplement en multipliant les sentiers dédiés à la randonnée. Si ces itinéraires permettent une meilleure répartition des flux, ils ne garantissent pas le respect des espaces de chacun. Entre contraintes foncières, responsabilité des exploitants et comportements des usagers, la clé semble résider dans une meilleure sensibilisation et une gestion plus intelligente des espaces existants.
Sources :
- Le Dauphiné Libéré, article du 24 janvier 2025
- Interviews de Nicolas Laguillaumy et David Dupuis
Date de mise à jour : 20/02/25
Date de création : 05/02/25