Découvrez les stations des Alpes où le prix du mètre carré est le plus cher
La pierre valait déjà de l’or en altitude. Avec le Covid, la ruée sur les résidences secondaires d’altitude s’est intensifiée et en trois ans les prix ont bondi de plus de 20 % dans les Alpes du nord. Qui a dit que les sports d’hiver étaient en perte de vitesse ? Climatiseur naturel, la montagne attire les investisseurs.
La montagne n’a jamais autant attiré les investisseurs, comme l’atteste la dernière étude de Meilleurs Agents, spécialiste de l’estimation en ligne, sur plus de 100 stations. « La crise sanitaire agit comme un accélérateur des tendances existantes. L’engouement pour les Alpes du nord s’est décuplé ces trois dernières années et s’est nettement intensifié en 2021 avec une hausse de près de 10 %, près du double de la moyenne nationale », assure Barbara Castillo Rico, responsable des études chez Meilleurs Agents.
À 12660 € le m², l’immobilier a pris 22 % en trois ans à Val d’Isère, comme dans les Alpes du nord. C’est devenu la quatrième ville la plus chère en France. « Elle coche toutes les cases : un domaine skiable d’exception, un village de cachet et l’art de vivre en montagne », estime Benjamin Berger patron du réseau d’agences Cimalpes. Voilà qui fait craindre aux élus locaux « une courchevelisation » du lieu. Mais Courchevel 1850, le Beverly Hills de Tarentaise, à plus de 20 000 € l’unité de surface habitable dans l’ancien, reste intouchable. En Europe, seule Gstaad en Suisse fait plus fort sur le segment premium.
- Pénurie de biens
Mais ce n’est que le quartier supérieur d’une commune où le tarif de la pierre varie du simple au triple selon les villages et les étages. « En haut les acquéreurs peuvent acheter 10 millions un chalet, démolir et reconstruire plus grand », indique Jean-Jacques Botta, référent montagne pour la FNAIM. À Megève aussi on dépasse le prix de certains arrondissements parisiens.
L’expert confirme, la hausse folle de l’immobilier touche tous les massifs, même si elle est moins clinquante dans les Alpes du sud (+ 7 %). Il rappelle que ce pic en 2021 s’inscrit dans une hausse régulière depuis 20 ans. Que la crise de 2008 a à peine interrompu. « L’engouement en 2021 au deuxième semestre, atteignant des hausses à deux chiffres, tient à a la contraction de l’offre. Le marché s’est tari car il y a eu un surcroît d’intérêt de la montagne avec la crise sanitaire, les gens avaient des liquidités, prêts à acheter sans emprunt. Dans le même temps, le neuf est rare en montagne, les droits à construire peu nombreux. Et la demande veut du qualitatif. »
Aujourd’hui selon la FNAIM en pays de Savoie, comptez 6 500 € / m² en appartements et 1,2 million le chalet, en moyenne. Trois fois plus que dans les Pyrénées…
L’offre est d’autant plus limitée que les propriétaires ont été tentés de garder leur bien, en attendant la fin de crise, pour en faire profiter leurs enfants. Dans certains massifs, c’est la pénurie. « Les biens partent à une vitesse folle, quand on les trouve et pas à moins de 10 000€ du m² » indique Antoine Terray, agent à Chamonix, cinquième station la plus chère. Outre le déclic qu’a constitué le confinement, déclencheur d’un élan de retour à la nature, après 18 mois de restriction, la raison est financière. « En temps incertain, la pierre en altitude est un placement sûr ». Et le climat renforce la place de la montagne, quand bien même il impacte l’enneigement. Effet climatiseur…
- Montée en gamme et rurbanisation
Et puis certaines voient aussi le corollaire de leur montée en gamme et du développement de leur offre après-ski ou 4 saisons. Pour Benjamin Berger, c’est le cas de l’Alpe d’Huez en Isère qui marche sur les traces des Savoyardes. « Avec Val Thorens, la station où les prix ont le plus augmenté ». En revanche, pour Jean-Jacques Botta, le phénomène “télétravail”, qui a vu des cadres parisiens s’installer en station, reste marginal.
Mais selon les territoires, l’inflation est aussi liée à la rurbanisation. C’est le cas des massifs proches des villes, comme Grenoble, qui se résidentialisent. Même avant-crise, au Sappey-en-Chartreuse, un appartement pouvait se vendre en une journée à 400 000 €. Mais à Villard-de-Lans, dont la station a été reprise par le basketteur Tony Parker, le maire s’alarme. « Le Vercors ne peut pas devenir un parc pour touristes fortunés ». Si selon Meilleurs Agents, le m² s’y vend en moyenne à 3 094 € (3 600 à Lans en-Vercors) il dépasse les 5 000 sur du neuf à la Cote 2000, Courchevel 1850 du massif. La géographe Anne Barrioz parle de « gentrification » et de frein à la pérennisation des habitants. Maigre consolation, en Suisse, où pourtant les résidences secondaires sont contingentées, en un an, selon le réseau international Knight Frank, la hausse dépasse 17 % à Saint-Moritz, au top du luxe alpin. La confédération n’a jamais fermé ses stations et sa souplesse sanitaire a séduit les étrangers.
- Les conséquences sur le logement permanent
Cette hausse des prix préoccupe bien des maires qui se désolent de l’érosion de leur population permanente fuyant vers les vallées. À l’automne, le député haut-savoyard (LRM) Xavier Roseren a eu une passe d’armes avec son homologue de Chantilly, Eric Woerth, ancien LR devenu macroniste, et surtout résident secondaire à Chamonix. Le premier tentait - sans succès - de faire passer un amendement permettant aux zones de montagne de surtaxer les résidences secondaires « comme les agglomérations de plus de 50 000 habitants sous tension peuvent le faire ». Certaines stations affichent des taux de résidence secondaire vertigineux : 92,6 % à Allos ou 85,5 % à Morzine.
À Megève, troisième station la plus chère, où les paysans peinent à transmettre leurs fermes à leurs enfants, la maire Catherine Jullien réclame une baisse des droits de successions sur les biens destinés à une occupation permanente. Xavier Roseren et des élus du littoral, lors d’un récent colloque à l’Assemblée, évoquaient plusieurs mesures législatives parmi lesquelles la réglementation des plateformes type Airbnb. Et d’appeler à renforcer le droit et surtout le pouvoir de préemption par la constitution de foncières à l’échelle départementale pour permettre aux communes d’acquérir du foncier destiné au logement permanent. En revanche, le droit de propriété en France ne permet pas, à l’instar de la Suisse, de contingenter les résidences secondaires.
Source: Le Dauphiné
Date de mise à jour : 06/11/24
Date de création : 21/02/22